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Galère !

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Galère !

La galère est un navire bas sur l’eau, en particulier dans la partie médiane occupée par les rameurs. Principalement utilisée pour longer les côtes, elle est inapte à la haute-mer, notamment à la mauvaise saison. Les galères marseillaises restent ainsi à quai entre octobre et mars.

Au 17è siècle, il existe en France plusieurs catégories de galères: à 12 bancs de rameurs (frégate), à 16 bancs (brigantins) ou à 18 bancs (galiote). La galéasse, dont se rapproche la Reale, est une galère plus longue, plus large et plus haute, souvent avec 3 mâts et portant une artillerie un peu plus importante. Celle-ci se compose d’ordinaire de trois canons à la proue : un gros serpentin et deux moyennes, parfois des couleuvrines, ou des bâtardes. Longue d’environ 45 mètres sur 7 de large, la galère porte en général deux mâts, le mestre portant 3 voiles latines et le trinquet (2 voiles latines). Contrairement au vaisseau, sa structure n’est pas conçue pour supporter le poids de multiples canons et leurs secousses de tirs.

Au 17è siècle, elle est pourtant encore considérée comme un solide navire de guerre. Partant à la mer dans de brefs délais, efficace pour la surveillance des côtes, mue par un équipage de 250 à 300 hommes pour une cinquantaine de rames, ce qui la rend maniable et rapide à virer, elle joue un rôle primordial dans les combats navals. Puissante, elle tire hors du périmètre les bâtiments endommagés et aide les lourds vaisseaux à pivoter, pour favoriser le champ des tirs de canons. Rapide, elle permet un apport impromptu de troupes.

A l’époque moderne, la lutte contre les Barbaresques s’étant éteinte, le recrutement de rameurs traditionnellement assuré par la prise de marins ennemis, devient problématique. L’envoi aux galères de protestants après la réforme de l’Édit de Nantes en 1698 ne correspond de fait qu’à 4% de la chiourme et ceux-ci sont en rébellion ouverte avec le commandement. La situation est également compliquée par la présence progressivement majoritaire de repris de justice, mélange de paysans et bourgeois petits délinquants avec de dangereux meurtriers ou escrocs de haut vol. Ce, alors que la société française accepte de moins en moins l’envoi aux galères au moyen de la presse, pour raison religieuse ou insubordination au roi.

Au début du 18è siècle, la galère est dépassée par les vaisseaux de haut-bord dont la maniabilité et l’artillerie ont été perfectionnées tout au long du 17è siècle. Le rapport négatif entre son coût de construction et d’entretien et sa valeur militaire entraîne un abandon progressif.

Utilisées tout d’abord pour transporter des personnes et matériaux entre Marseille et Toulon, les galères restantes sont envoyées en 1723 dans l’arsenal toulonnais comme bateaux de servitude. Leurs équipages sont employés aux basses besognes. Suite aux réclamations de Marseille, qui avec ce départ a perdu une main d’œuvre bon marché, quelques galères y sont néanmoins renvoyées.

Après le décès du dernier Général des galères, titre qui n’est alors plus qu’honorifique, une ordonnance royale de 1748 signe l’extinction des galères. Les deux dernières encore en état de naviguer à Marseille rallient Toulon où un bagne de forçats a été créé pour répondre aux besoins en main d’œuvre de cet arsenal alors en pleine expansion. Une galère est encore signalée en 1814 à Toulon, comme ponton ou bagne flottant.

Écrit par

Auteur(e)
Carole Gragez

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