Le 14 juillet, les échevins furent bien obligés de ne plus accepter la délivrance de patentes nettes. Toutefois, comme ils ne voulaient pas non plus faire donner des patentes soupçonnées et, encore moins, des patentes brutes pour ne pas dissuader les navires étrangers de relâcher à Marseille, ils suspendirent cette attribution. Ils informèrent néanmoins tous les ports d’Europe que la « contagion » sévissait dans le port tout en refusant toujours d’admettre les progrès qu’accomplissait la maladie en ville.
Le Père Giraud indique que le 15 juillet, l’aumônier et quelques chirurgiens étaient encore morts aux Infirmeries, avant une petite accalmie de quelques jours saluée comme la fin de cette Contagion, au grand soulagement apparent du « public », notait de son côté Pichatty de Croissainte.
Voici le témoignage de Pichatty
« Le 14 ils écrivirent ce qui se passe au Conseil de Marine, ils arrêtèrent de ne plus donner des Patentes de santé à aucun bâtiment, jusqu’à ce qu’ils puissent être certains que ce mal n’ait point de suite.
Le 15, pour empêcher que par ce refus d’expédier des Patentes de Santé, on ne croye pas dans les pays étrangers que la peste soit dans Marseille, & que cela n’interrompe tout-à-fait le commerce, ils écrivent aux Officiers conservateurs de la santé de tous les ports de l’Europe la vérité du fait ; c’est-à-dire qu’il y a bien de la Contagion dans les bâtiments mais qu’elle n’a fait aucun progrès dans la ville
« Déjà le public tout-à-fait rassuré commence de tancer d’inutiles, les peines que Mrs les Echevins se sont données & toutes les précautions qu’ils ont prises ; on prétend que les deux personnes mortes à la place de Linche avoient tout autre mal que la contagion ; on insulte aux médecins et aux chirurgiens d’avoir donné par leur erreur l’alarme à toute la ville ; on ne voit que des esprits forts et une infinité de gens qu’on voit bien – tôt après plus frappés de terreur que tous les autres ; & fuir avec plus de désordre et de précipitation ; leur fermeté ne dure guères : à la vérité la peste est bien à craindre et à fuir ».
Voici ce que rapportait le Père Paul Giraud
« Pendant quelques jours on se rassura dans la ville, on y publia le 25 que la maladie, qui avoit fait périr quelques personnes dans les Infirmeries, y étoit éteinte. On ajouta que le Sr Gairard s’en étoit fait honneur et qu’il se mettoit au large pour retourner dans sa maison après une briève quarantaine. Mrs les échevins firent part à la Cour de cette bonne nouvelle ».
