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Le terrible orage 21 juillet, signe de la colère divine. Intervention de l’évêque Msgr de Belsunce

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Dans la nuit du 21 juillet 1720, un très violent orage avait frappé Marseille où la foudre était tombée plusieurs fois sans faire de victimes. La thèse des mauvais aliments causant la maladie, convainquait de moins en moins et l’on commençait parmi le peuple à interpréter cet épisode météorologique comme le signe évident de la colère divine. Les Marseillais s’attendaient à subir un terrible châtiment car ils croyaient aux actes de justice immanente : « le tonnerre avoit été le signal de la peste, que Dieu s’en étoit servi pour déclarer la guerre à son peuple et pour faire éclater sa colère contre lui », écrivait le Père Giraud à ce propos. Si le Dr Bertrand trouvait cette attitude quelque peu superstitieuse, il faut rappeler que les médecins de l’époque étaient impuissants à guérir le mal et, en complément de leurs pauvres remèdes, recommandaient aussi la prière et le repentir pour lutter contre le fléau.

L’évêque de Marseille, Msgr de Belsunce, prenait la pleine mesure de la gravité de la situation : Dieu voulait rappeler les Marseillais à leurs devoirs ; la peste était bien le signe de sa colère. Les ministres de l’Église, soldats de Dieu qu’il accompagnerait tou-jours lui-même, portaient déjà au péril de leur vie, l’épée de leur ministère, c’est-à-dire l’assistance religieuse due aux malades et aux mourants. Le courageux et bienveillant évêque tint conseil et délivra des ordres pour que les mourants pussent toujours être absous. L’échevinat ne procura malheureusement pas à cette armée de Dieu les maisons et les moyens prophylactiques qu’il
réclamait. Tous ces hommes allaient donc répandre le mal dans leurs couvents et demeures respectives avant d’en mourir pour la plupart d’entre eux. Le curé de Saint-Martin fut l’inventeur d’une longue baguette pour conserver les saintes huiles conservée au MHM. Dès le lendemain, 28 juillet, Msgr de Belsunce se recueillit solennellement devant les reliques de Saint-Roch, patron de la peste, exposées dans une chapelle de l’église des Trinitaires Réformés.


Le Dr Bertrand

« Quoique nous ne veuillions point adopter les préventions du Peuple touchant l'apparition des signes célestes, qui précèdent les grandes calamités, nous ne laisserons pas de remarquer que le 21 Juillet le temps étant couvert & à la pluye, il fit dans la nuit des éclairs & des tonnerres si effroyables, qu'on ne se souvenoit pas d'en avoir oui de semblables : toute la ville en fut troublée , & la foudre tomba sur plusieurs maisons, sans blesser personne. Ces tonnerres furent regardés comme le funeste signal de la plus affreuse mortalité qu'on aie jamais vue ; car dès-lors la contagion se débonda & se répandit dans tous les quartiers de la Ville ». p.45


Le Père Giraud

« Le 29, (...) Mr l’Evêque assembla dans son palais tous les curés et supérieurs des communautés de la ville à cinq heures du soir. (...) Le prélat pieux et zélé fit une exhortation patétique et fort touchante : il fit un détail abrégé des diférents fléaux dont le Seigneur se servoit depuis quelques années pour ramener les habitans de la ville de Marseille à leurs devoirs. Il avoua que celui de la peste dont ils étoient menacés, étoit le plus sensible de sa colère. Pour ranimer l’ardeur de ses ministres, il leur déclara qu’il ne les avoit pas assemblés pour les exhorter à secourir les pestiférés, qu’il avoit déjà eu plusieurs occasions importantes de
s’assurer de leur zèle, qu’il n’avoit eu d’autre veue que celle de pouvoir prendre avec eux les justes mesures pour les conserver et les mettre en état, en s’exposant au service des pestiférés, de se soutenir plus longtemps et de faire devant Dieu un plus grand trésor de mérite par un plus long service, que le temps de peste étoit pour les ministres de l’Église une occasion de victoire et de trophée, que tout comme un soldat paroitroit indigne de l’épée qui ne la voudroit porter au service de son prince, qu’en temps de peste, de mesme les prêtres passeroient pour des lâches et des mercenaires s’ils ne vouloient confesser et administrer les autres sacrements qu’autant que cela ne les incommoderoit pas, qu’il n’y avoit rien à risquer pour leur repos, pour leur santé et leur vie, qu’au contraire cela flateroit leur cupidité, leur inclination ou leur orgueil. Il ajouta tout d’une haleine qu’il avoit des idées plus avantageuses de tous ceux de l’assemblée et des absens. Il finit son discours en les assurant qu’il auroit la consolation de se trouver toujours au milieu d’eux sans que la crainte du péril ni les horreurs de la mort pussent l’en éloigner. (...) »

« Mre Pourrière vicaire de St-Ferréol et quelques autres de l’assemblée ajoutèrent seulement qu’il auroit été bon que Mrs les échevins eussent destiné une ou plusieurs maisons dans la ville où l’on auroit mis les prêtres séculiers de toutes les paroisses et les prêtres réguliers obligés à servir le temps de peste et generalement tous ceux qui d’eux mêmes auroient voulu s’exporter charitablement, que ces prêtres étant mieux nourris dans ces maisons et pourveux des parfums et autres provisions qu’ils n’auroient pas trouvé si facilement ches eux ; ils auroient été moins exposés à périr ; ils n’auroient pas porté la peste dans les maisons ecclesiastiques et régulières de la ville (...). »

« (Partie biffée sur le manuscrit) Mr Martin, un des curés de la parroisse de St-Martin s’étant trouvé le premier exposé au danger à la rue de l’Escale de son district, avoit cherché le premier quelques moyens pour administrer les sacrements sans s’exposer au danger évident de prendre la mal, il avoit donné le dessein d’une pincette de huit pieds de longueur au bout de laquelle il avoit pôsé une hostie non consacrée, sur celle là une autre consacrée que le malade auroit pu recevoir. L’ouvrier n’ayant pas encore fini son ouvrage, il ne put le présenter au prélat et à l’assemblée, non plus qu’une baguette de même longueur pour donner les
saintes huiles ».

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