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Et si on faisait une chasse au trésor ? Les enjeux du patrimoine archéologique

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Et si on faisait une chasse au trésor ? Les enjeux du patrimoine archéologique

Par Anne Lehoërff, Professeur des Universités, CY Paris Université, Vice-présidente du Conseil national de la recherche archéologique.

La question semble anodine, innocente. Elle sonne comme un jeu joyeux de l’enfance, elle évoque ces parcours ponctués d’énigmes, de rires et de bousculades dont on a raffolé bambins. Et pourtant…

Si la chasse au trésor enfantine organisée lors des anniversaires ou des colonies de vacances est bien innocente, celle que les « grands » pratiquent parfois est d’une autre nature. Armé de moyens plus ou moins élaborés, seul ou accompagné, le chasseur de « trésor archéologique » s’adonne à un jeu qui n’en est pas un. Déclaré souvent comme un « loisir », on veut penser que certains l’envisagent sincèrement de cette façon et sans y voir malice. D’autres en revanche, conscients de débusquer ces « trésors » par goût, par plaisir individualiste ou même par appât du gain revendiquent avec virulence, et au nom de leur « liberté », un « droit » à s’emparer d’un patrimoine archéologique enfoui ou englouti, bravant ainsi le caractère illégal d’une telle démarche en France. Pourquoi est-ce interdit ? Et pourquoi est-ce grave ? Et pourquoi est-ce si important de s’en expliquer dans le dialogue ?

En se positionnant volontairement du côté de la science, cette conférence analyse la notion de « trésor » et souligne la responsabilité de chacun de le préserver, pour la connaissance et au nom de l’humanité. Elle aborde également une question contemporaine majeure et complémentaire, celle de la restitution des « objets orphelins », proches ou lointains, d’hier ou d’aujourd’hui, arrachés parfois et souvent privés de filiation. Sujet sensible, le devenir de ces vestiges (objets, restes humains, parties de monuments) dépend de décisions politiques et requiert, dans un dialogue constant, l’éclairage des scientifiques. Exposées, étudiées, restituées, ces traces matérielles du passé permettent aussi à chacun de s’ouvrir sur la diversité des sociétés humaines dans le monde.

Pour aller plus loin, du même auteur : « Mettre au monde le patrimoine. L’archéologie en actes », Paris, Le Pommier, 2023.

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