La carrière de Jean-Marie Gassend est étroitement liée au site archéologique de la Bourse et à Marseille en général. C’est fraîchement diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de l’Architecture (1967) que Jean-Marie Gassend intègre le CNRS et arrive, en janvier 1968, sur les fouilles de la Bourse. Il y est l’adjoint de Gilbert Hallier pour s’occuper des relevés. Il participe alors à la fouille du bassin carré dit « d’eau douce », à la découverte du quai Est de la corne du port et à celle du grand puits au nord du mur dit « de Crinas ». En plein mai 68, il diffuse son humour et sa bienveillance au sein des fouilles en animant un comité de gestion révolutionnaire factice réclamant par exemple « le remboursement des casquettes d’uniforme Mao », l’approvisionnement en « chewing-gums Hollywood peppermint », la fourniture « de truelles électroniques à tête chercheuse » et l’obtention d’un aumonier permanent pour « l’absolution des péchés d’insoumisance et de médission » !
Sous la direction d’André Tchernia et de Patrice Pomey, il prend part ensuite à la fouille sous-marine de l’épave Planier 3, première épave fouillée par la Direction des Recherches Archéologiques Sous-Marines (DRASM) et où sera appliquée pour la première fois en France la stéréophotogrammétrie sous-marine. C’est alors, au cours d’une journée où l’Archéonaute a dû se replier sur Pomègues, qu’il découvre l’épave de la calanque de l’Âne. Il dirige lui-même, en même temps, avec Michel Rival, en novembre-décembre 1974 la fouille terrestre de l’épave « de la Bourse » à laquelle il consacrera une monographie en 1982. Au milieu de multiples missions effectuées ailleurs dans le sud de la France, en Italie ou en Afrique du Nord, son histoire le ramènera sans cesse telle une vague au site de la Bourse. Pour le musée d’Histoire de Marseille, il réalise plusieurs de ses aquarelles si caractéristiques illustrant les vestiges du site archéologique, participe à la réalisation des lutrins de signalétique du jardin, publie un guide du site en 1997 puis un article de 20 pages avec Claude Varoqueaux en 2001 sur la roue à aubes du bassin carré. Pour la rénovation du musée entre 2010 et 2013, on l’a vu allongé sous des palplanches pour vérifier le système d’accrochage des engins de levage des blocs du quai romain. Il compose alors aussi un certain nombre de dessins didactiques pour les nouvelles vitrines, des aquarelles somptueuses pour l’Extension numérique du musée, pour la création d’un modèle 3D de l’église paléochrétienne de Malaval ou d’autres encore plus récemment (2018) pour le musée des Docks romains. Il participait ces dernières années à des échanges avec des classes bretonnes de Quimper pour parler des origines phocéennes de la France entière. Il y démontrait la simplicité de dessiner des bateaux et expliquait aux tout jeunes le principe du gnomon, des marées et des découvertes de Pythéas.
Jean-Marie est parti ce lundi rejoindre son épouse et faire la connaissance de son aïeul, Auguste Gassend, directeur de l’urbanisme à Marseille dans les années 1860 et inventeur de l’épave romaine dite « de la rue Impériale » 110 ans avant que lui-même ne fouille celle, jumelle, de la Bourse.
Quelle chance on a eu, au musée de Marseille, de l’avoir tant côtoyé !