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Marseille vue par les Detaille, 164 ans de photographies

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Marseille vue par les Detaille, 164 ans de photographies

Entretien avec Fabrice Denise, directeur du Musée d’Histoire de Marseille

En moins de 10 jours, une fréquentation historique au Musée d’histoire de Marseille.

► L’exposition Marseille vue par les Detaille, 164 ans de photographies rencontre un succès considérable. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Oui, c’est une fréquentation historique. En moins de dix jours, depuis l’ouverture le 31 octobre, nous avons déjà accueilli 6 000 visiteurs. C’est un record absolu depuis l’ouverture du musée en 1983.
Ce succès s’explique par plusieurs facteurs : l’intérêt toujours très fort du public pour la photographie, l’attachement profond des Marseillaises et des Marseillais à l’histoire de leur ville et à ses transformations sur plus d’un siècle, la notoriété du studio "Nadar - Detaille", acteur majeur de l’histoire de la photographie, et bien sûr la réputation du musée d’Histoire de Marseille pour la qualité de ses projets.
La gratuité d’entrée joue aussi un rôle important : elle permet aux visiteurs de revenir, de prendre le temps de découvrir la richesse du sujet et les 225 images, à la fois célèbres et inédites, que nous présentons.

► Au-delà des chiffres, que ressentez-vous face à la réception du public ?

Il se passe quelque chose de très fort. Les commentaires du livre d’or, les discussions entre visiteurs, tout cela montre que cette exposition agit comme un grand album de famille. Elle relie les habitants à leur ville, sur le temps long.
Pour ceux qui ne connaissent pas Marseille, c’est une immersion dans le pittoresque : la grande et la petite Histoire s’y croisent. Ce qui nous frappe aussi, c’est la dimension intergénérationnelle : on voit des familles entières – grands-parents, parents, enfants – découvrir ensemble les images.
C’est là, je crois, que se manifeste la véritable nature du patrimoine : un sentiment d’attachement, quelque chose qui nous dépasse, qui nous relie au passé et au présent, et que l’on veut transmettre. Marseille, vue à travers quatre générations de photographes – de Nadar à Gérard Detaille –, devient un patrimoine commun, un fil invisible qui nous unit.

► Après le succès de l’exposition Pétanque !, ce nouveau record confirme-t-il une évolution dans la vie du musée ?

Absolument. Après Pétanque !, exposition riche notamment des clichés du photographe Hans Silvester, et qui rencontre toujours un grand succès depuis juillet, Marseille vue par les Detaille marque sans doute un tournant. La fréquentation du musée est en hausse de 30 % cette année. Cela montre que la photographie est un médium particulièrement puissant pour un musée de ville comme le nôtre.

► Justement, pourquoi la photographie occupe-t-elle une place si importante au Musée d’Histoire de Marseille ?

Le musée, qui a un peu plus de quarante ans, est le reflet et le conservatoire des transformations de Marseille depuis sa fondation antique. L’exposition Detaille en est une parfaite illustration.
Ce fonds photographique, désormais inscrit à l’inventaire des Musées de Marseille grâce à la générosité d’Hélène et Gérard Detaille, devient un bien commun.
À l’heure où la photographie est partagée à l’échelle mondiale sur les réseaux sociaux, elle trouve ici un écrin naturel. Elle s’inscrit pleinement dans notre projet scientifique, culturel, éducatif et social : offrir des clés de lecture de Marseille et de ses habitants sur la longue durée.

► Que représente ce fonds pour le musée, et comment envisagez-vous son avenir ?

C’est un véritable trésor. Avec plus de 500 000 images et documents d’archives conservés, nous n’en montrons ici que 225. Cette exposition n’est qu’un début : les prémices d’une grande aventure patrimoniale et scientifique.
Nous projetons de créer un département de la photographie au sein du musée, avec un Cabinet de photographie dans le parcours permanent. Nous souhaitons également lancer un chantier de collections autour de ces fonds – inventaire, conservation, restauration –, mais aussi des programmes de recherche universitaires et d’action culturelle : colloques, conférences, tables rondes, ateliers pédagogiques…
Il faudra sans doute des espaces supplémentaires pour mener à bien cette entreprise.

 

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