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Nomination du Commandant Langeron

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Le 10 septembre, le roi, instruit de la situation d’extrême détresse de Marseille, fit nommer le chevalier Charles-Claude Andrault de Langeron, par ailleurs déjà chef d'escadre des galères à Marseille, commandant de la ville et du terroir. Sa tâche était immense mais son autorité serait très forte.

Le commandant Langeron reconduisit toutes les ordonnances prises antérieurement par les échevins et le marquis de Pilles. Mais il arrivait avec les moyens de les faire exécuter. Dans l’immédiat, sauver Marseille signifier rétablir l’ordre public, isoler et soigner les malades et faire enlever les dépouilles des victimes des rues.

Le Dr Bertrand

« Quelques soins que se donnent les Magistrats, quelque vif que soit le zèle qui les pousse, il n'est pas possible qu'ils puissent résister à tant de fatigues, & soutenir seuls le poids de l'administration publique. Abandonnés de tout le monde, ils sont obligés d'ordonner, & d'exécuter eux-mêmes ; ils n'ont personne à qui ils puissent confier leurs ordres ; ils sont sans gardes, sans soldats, & par conséquent presque sans autorité. L’enlèvement des corps morts n'est pas la seule affaire qui doit les occuper ; il faut encore pourvoir à tous les besoins publics, au soin des malades, à l'entretien des pauvres, & à une infinité de choses également pressantes & nécessaires. Ce n’étoit pas assez de trouver des expédiens, & de faire des Ordonnances très utiles, il falloit encore pouvoir les mettre en exécution : il falloit rétablir le bon ordre, ramener l'abondance, rappeller les Officiers absens, punir les malfaiteurs, contenir une populace toujours prête à profiter des troubles publics, réprimer l'avarice de ceux qui se prévalent des temps de calamité, en un mot, remettre toutes choses dans l’ordre convenable aux malheurs présens.

« Toutes ces dispositions étoient réservées au sage Commandant que le Ciel nous destinoit. Le Roi informé de l'état de notre Ville, envoie un Brevet de Commandant dans la Ville de Marseille & son Terroir à M. le Chevalier de Langeron, Chef d'Escadre des Galères & le 12 Septembre Mrs les Echevins ayant appris cette agréable nouvelle, furent le même jour lui en témoigner leur joie. Un semblable Brevet fut envoyé à M. le Marquis de Pilles Gouverneur de la Ville, dont la convalescence avoit ranimé la joie publique ; mais le premier étant Maréchal des Camps, ès Armées du Roi, eut le commandement en chef : les deux Brevets furent enregistrés à l'Hôtel-de-Ville. M. de Langeron avoit eu trop de part au bon ordre qu'on a vu sur les Galères, pour ne pas espérer qu'il le mettrait bientôt dans la Ville. En effet, dès le même jour il se porta à l'Hôtel-de-Ville, pour s'informer de l'état des choses : il continua d'y venir régulièrement soir & matin : dans peu de jours il fut au fait de toutes les affaires, & en état de pourvoir à tout. Se charger de commandement d'une Ville, dans un temps de contagion, & de la contagion la plus vive, d'une Ville où tout est dans le dernier désordre, où l'on ne peut compter sur personne pour l'exécution, que sur des Magistrats véritablement pleins de zèle & de bonne volonté, mais épuisés de soins & de fatigues ; où la désertion est générale, où tout manque, où l'on ne peut rien se promettre ; il faut avoir pour cela un courage au-dessus de tous les périls, un génie supérieur à tous les événemens, un zèle à l'épreuve des plus rudes travaux, & des soins les plus accablans ».

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