Des femmes mouraient en couches ou laissaient « des enfans au lait que les corbeaux trouvoient demi-morts en allant prendre les cadavres de leurs mères » . Personne n’osait se charger de nourrir et de prodiguer des soins à ces nourrissons ou enfants en bas âge de crainte d’attraper la peste. D’ailleurs les nourrisses, auxquelles on avait massivement recours à l’Âge classique, mourraient aussi de peste, multipliant le nombre des enfants à secourir. Les petits orphelins mouraient ainsi sans aucun secours malgré la compassion que suscitait leur sort. Pour y remédier, l’échevinat avait donc créé, après la mort ou le départ des Pères Servites, un hôpital des orphelins dans leur hôpital St-Jacques de Galice ou des Pèlerins, auquel fut uni quelques temps après, le couvent de Notre-Dame-de-Lorette.
« Là, on eut soin d’entretenir autant de chèvres que l’on put en trouver dans la ville mais comme la plus part de ces enfans avoient manqué de nourriture ou étoient empestés, le lait et la soupe ne les empêchoient pas de mourir. Les tomberaux en portoient au commencement dans les fosses 30 à 40 par jour, et dans la suite trois ou quatre cent », témoignait déjà en voisin le Père Giraud, le 19 août 1720 ».
Aussi le 22 mai 1720, alors que trois Servites rescapés demandaient aux autorités à réintégrer leur couvent réquisitionné, le Trinitaire réformé constatait qu’étaient morts 5550 enfants dans cet hôpital.
Le Père Giraud :
« Le 22 [mai 1721], d’environ six mille orphelins qu’on avoit reçu dans l’hôpital Saint-Jacques-de-Galice ou des Épées, et dans le couvent des pères servites, à peine il en étoit échapé cinquante. On avoit résolu de loger ces enfans dans l’hôpital de la Charité, mais parce que l’on étoit bien aise de laisser encore cette maison en état en cas de rechute, on aimoit mieux laisser tomber toutes les sollicitations de trois servites qui demandoient avec instance de rentrer dans leur maison. La ville qui avoit pris leur couvent les avoit logés dans d’autres communautés et maisons de la ville et payoit leur dépense ».
