Début juillet 1721, il y eut de nouveaux malades et de nouveaux morts. Le 8, la fille du capitaine Baudut, qui s’était empestée dans un magasin en manipulant des hardes insuffisamment purgées, mourut à son tour. Le 9, l’on avait découvert cinq morts dans la même bastide puis on constata qu’il y avait des malades dans plusieurs quartiers de la ville. Il n’en fallut pas davantage pour que l’épouvante succéda à la consternation. Le commandant Langeron attribua cette rechute au fait que le 13, le peuple s’était assemblé aux autels et aux tambours des églises pour prier. Il renouvela immédiatement les interdictions d’entrer et de sortir librement de la ville pour se rendre dans le terroir mais la nouvelle avait déclenché la panique et certains s’étaient déjà enfuis précipitamment « sans provisions et sans hardes » tandis que l’on cherchait les médecins, chirurgiens et apothicaires.
Langeron durcit les sanctions contre ceux qui ne déclareraient pas leur maladie (Publication #52) et entreprit dès le 18 juillet de faire isoler « les malades et les suspects » pour « éteindre la contagion ». Le 22 juillet, le danger semblait écarté et Mgr de Belsunce traitait d’hommes de peu de foi ceux qui avaient cru en une rechute imaginaire.
Le Père Giraud :
« Le 8, on porta la fille dudit Baudut de l’entrepos de l’Observance au jeu de Mail. Mr de Marseille ordonna des prières publiques dans toute l’étendue de son diocèse pour le repos des âmes de ceux qui étoient morts pendant la contagion. Il désigna les jours auxquels on fairoit des services solemnels dans toutes les églises, premièrement pour les prêtres et religieux, en 2nd lieu pour les médecins, apoticaires, chirurgiens et généralement toutes les personnes de quelque état et de quelque profession qu’elles pussent avoir été, qui avoient eu la piété et le courage de visiter les pestiférés et de les ensevelir après leur mort, finalement pour le repose des âmes de toutes les personnes mortes de la peste dans Marseille et dans tout le diocèse.
À l’occasion de quelques nouveaux troubles, il fut obligé de suspendre l’exécution de ce mandement jusqu’au 12 à cause surtout que le 9 on découvrit cinq nouveaux malades dans la bastide et aux environs des terres d’un nommé Bayon, ce qui jetta encore l’épouvante.
« Le 14, une personne morte subitement, quelques malades que l’on trouva dans divers quartiers de la ville et plusieurs familles que l’on mena à l’entrepos de l’Observance mirent une telle consternation dans la ville, que la plus part de ceux qui se furent retirés de la campagne sans provisons et sans hardes, se flattant qu’on permetteroit dans la suite d’en envoyer chercher, s’y enfuirent tout à la hâte. On attribua cet accident à ce que le jour précédent 13, jour de dimanche, on avoit dressé des autels dans les tambours des églises, où le peuple pêle mêle et sans beaucoup de précaution avoit assisté à la messe autour de l’autel et dans les rues.
« Mr de Langeron renouvella le lundi 14 quelques unes de ses vieilles ordonnances. Il défendit à toute personne sous peine de la vie de passer du terroir de Marseille dans celuy des villages et lieux circonvoisins, sans un passeport ou billet de santé de sa part. Il défendit même aux personnes résidentes ou réfugiées dans le terroir d’aller d’un quartier dans un autre pour boire, jouer, chasser et de porter des armes à feu ou autres armes offensives, à peine de trois mois de prison et de la vie contre ceux qui iroient chasser dans les terres limitrophes du terroir. Il défendit aussi de passer d’un quartier dans un autre pour y entendre la messe et ordonna aux inspecteurs, capitaines et commissaires de faire saisir et arrêter les contrevenants et de luy en rendre compte ».
