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Marseille apporta son aide à Arles

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La peste frappa Arles en deux temps. Officiellement déclarée par le Bureau de santé arlésien réuni le 24 décembre 1720, c’est-à-dire six mois après Marseille, la peste bubonique s’abattit d’abord sur l’amphithéâtre romain dont l’intérieur, bâti à partir du Moyen-Âge, abritait un quartier de masures serrées et misérables. Cette population était aussi pauvre que l’était celle de la rue de l’Échelle, à Marseille, où s’était d’abord déclarée la maladie. Arles s’était très bien préparée à l’épidémie ; les autorités urbaines avaient pris des mesures sanitaires de confinement propres à empêcher la contagion et elles étaient assez confiantes. Cependant Arles n’était pas seulement un port fluvial d’importance ; son terroir était encore immense et le contrôle des arlésiens qui y travaillaient ou s’y approvisionnaient était très difficile, notamment lorsque l’été venu, arriva le temps des moissons.

La peste survint par le terroir. L’historienne Odile Caylux relate que Claude Robert, neveu de Marguerite Poncet morte d’un mal suspect dans un cabaret situé à trois lieues de la ville intra-muros, rentra dans le quartier des Arènes où il trépassa à son tour. Sa belle-mère les suivit en Crau puis, d’autres dans la même rue que le pestiféré. Fin janvier, Les autorités avaient fait clore hermétiquement tout le quartier et l’épidémie se trouvait d’abord circonscrite. Malheureusement, à partir d’avril, le nombre des morts commença à augmenter très sensiblement, le quartier pestiféré de La Major ayant retrouvé un point d’ouverture sur le Rhône. En juin 1721, les morts se comptaient par milliers et Arles fut ravagée durant l’été 1721 comme l’avait été Marseille l’année précédente.

C’est dans ce contexte qu’un chirurgien marseillais quitta l’hôpital de la peste de Marseille pour gagner Arles. Marseille fournit en effet une aide médicale importante à l’ancienne résidence impériale avec laquelle elle entretenait des liens étroits. Dès juillet étaient arrivés de Toulon, sept chirurgiens, un apothicaire, un maître infirmier, vingt-cinq corbeaux, qui avaient auparavant servi à Marseille. Le personnel soignant se déplaçait en effet en fonction de l’avancée et du recul de l’épidémie. Les chirurgiens étaient très recherchés parce qu’ils traitaient les bubons infectés des pestiférés et ils furent massivement recrutés. Curieusement, leur art ne les exposait pas davantage à la mort que les médecins, morts en plus grand nombre. Le Père Trinitaire envoyé à Arles était-il apothicaire ? L’on sait par les Archives de Marseille que le couvent de Marseille en avait compté au moins un très compétent au XVIIIe siècle. Le Père Giraud signale le 9 avril 1922, que les échevins payèrent 3 000 livres aux Pères Augustins pour les remèdes qu’ils avaient fabriqué dans leur « apoticairerie » et 4 000 livres aux Pères Observentins pour le même motif. Le Dr Deidier avait établi les comptes de la pharmacie des Carmes. Toujours selon l’historiographie, aucun des apothicaires officiant à Arles durant cette période n’était mort.

Marseille envoya aussi à Arles des « parfumeurs », dit le Père Giraud. Ceux-ci intervenaient pour désinfecter les maisons empestées ou suspectes. L’un d’entre eux ne manipula pas la poudre avec suffisamment de soin et la maison infestée fut en partie détruite par un incendie, fait connu parce que la propriétaire qui avait survécu à la peste réclama et obtint de la justice de justes indemnisations.

Le Père Giraud :

« Le premier jour d’août, Mrs les échevins virent partir sur la barque du patron Feuillet un secours qu’on envoyoit à Arles à la réquisition de Mrs les consuls de cette ville, scavoir un religieux grand trinitaire, le chirurgien major qui avoit servi en cette qualité à la Charité et au jeu du Mail, trois parfumeurs, quelques valets, et des parfums qu’on avoit demandé spécialement ».

« Le 9 [février 1722], Mr le commandant et Mrs les consuls d’Arles rendirent public leur acte déclaratif qui annonçoit aux étrangers que la peste étoit entièrement éteinte dans leur ville et son terroir, et redemandoit leur confiance pour le rétablissement du commerce qui avoit été interrompu » .

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