Aller au contenu principal
  • Le Chevalier Roze Dirige Le « Déblaiement » de La Tourette Où La Situation Est Apocalyptique

Le chevalier Roze dirige le « déblaiement » de la Tourette où la situation est apocalyptique

Submitted by webadmintsp@ma… on

Dans son journal, le Père Giraud décrit exactement ce que Michel Serre donne à voir sur la fameuse toile intitulée « Le Chevalier Roze à la Tourette ». A la tête d’une équipe de forçats munie de crochets, il fit enfouir dans une fosse improvisée dans la voûte d’un bastion des remparts, un millier de cadavres décomposés au soleil. Cette opération permettait de ramener un peu de salubrité dans la vieille ville. Confrontons donc le texte et l’image.

Le Père Giraud

« Le 14, grande qu’ait pu être l’activité de Mrs les Echevins pour faire enlever des différents quartiers de la ville un nombre infini de morts, la mortalité continue d’être si grande qu’il s’en présente toujours à eux davantage, les cadavres semblant se reproduire à tout moments. Il y en a surtout depuis trois semaines plus de mille qui se touchent les uns les autres dans un lieu exposé à toute l’ardeur du soleil. C’est la Tourette, esplanade du côté de la mer, entre les maisons du château de Joli et le rempart depuis le fort de St-Jean jusqu’à l’église de la cathédrale : on sent asses l’importance de nettoyer cette place mais l’infection contagieuse qui s’élève des cadavres qui sont en pourriture, empêche les voisins qui sont fermés dans leurs maisons jusquà la place de Linche et dans la rue de Palais épiscopal d’ouvrir leurs fenêtres, les plus hardis et les plus robustes frémissent à la seule pensée de s’en approcher : personne n’ose se charger d’une pareille entreprise. Lorsque Mr le Chevalier de Roze, également hardi et industrieux, va sur le lieu même sans se rebuter de voir tant de cadavres hideux qui présentent à peine la forme humaine et dont les vers mettent les membres en mouvement, il parcourt les remparts et à travers quelques fentes que le tems et l’air marin ont faite aux piés de deux vieux bastions qui ont résisté, il y a deux millans aux attaques des désarmés ; il observe que ces bastions sont voutés et creux en dedans. Il juge qu’en faisant ôter quelques pès de terre qui couvrent des pierres de la voute et en l’enfonceant, il n’y auroit rien de si aisé que d’y faire jetter tous ces cadavres qui tomberont d’eux mêmes jusques au fond, au niveau de la mer, et que dans ce réduit, on les couvriroit facilement de chaux vive pour empêcher qu’il ne s’en élevât des exhalaisons empestées. Il court aussitôt à l’Hôtel-de-Ville ; il communique sa découverte et son projet à Mr le Commandeur de Langeron et à Mrs les Echevins ; il se flatte de pouvoir surmonter tous les obstacles et de se sauver même du péril pourvu qu’on lui donna suffisamment de monde. Mr le Commandant vient de recevoir les ordres de la Cour pour pouvoir prendre autant de forçats des galères qu’il le jugeroit nécessaire pour le service de la ville. Il en accorde cent au Chevalier Roze qui sans leur donner presque le tems de réfléchir et d’envisager le péril évident auquel il les expose, exécute son dessein pour ainsi dire, d’un coup de main et dans un instant.

« Toutes les fosses qu’on avoit ouvertes étant presque remplies, Mr le commandant, accompagné de Mrs Moustiers et de Soissan, visite les dehors de la ville, désigne un endroit à côté de la Porte d’Aix pour y faire ouvrir des nouvelles de dix toises de longueur sur quinze de largeur : il falloit au moins cent païsans pour exécuter cet ordre. Il le donne aux capitaines des principaux quartiers du terroir qui, soit de gré soit de force, luy envoyent les personnes qu’il avoit demandées ».

Date début