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  • Grâce Aux Secours Extérieurs Reçus, Marseille Échappa Toujours À La Famine Qui Menaçait

Grâce aux secours extérieurs reçus, Marseille échappa toujours à la famine qui menaçait

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La ville intra-muros et son vaste terroir fermés à toute communication nécessitaient un ravitaillement important que compliquaient les effets de la banquerou-te de Law (publication # 15). La Communauté organisait donc des distributions de pains contre la famine qui menaçait toujours ; elle s’affairait auprès des parlementaires pour obtenir des secours en denrées et, en monnaie, laquelle permettait de payer des fournisseurs (publication # 35). Une grosse somme d’argent en numéraire devait être prochainement délivrée grâce à l’intervention royale auprès de la Compagnie des Indes. Les autorités, affirme l’avocat Pichatty de Croissante avec une emphase certaine, purent compter sur la générosité des particuliers provençaux comme sur l’aide du roi et des Parlementaires du Languedoc. Marseille reçut, il est vrai, beaucoup de secours et, même le pape avait fait charger de farine, à Cività Vecchia, des bâtiments dont, comble de malchance, l’un d’entre eux fit naufrage. De son côté le Dr Bertrand, discutant du rôle avancé par un confrère des « mauvais aliments » dans la Contagion, confirme bien que « ni avant la peste ni pendant sa durée, il n'y a jamais eu disette de bled », ajoutant que les blés « pourris » incriminés et parvenus par bateau n’étaient destinés qu’à l’élevage porcin et avicole alors que les fèves constituaient« la nourriture ordinaire » des seuls forçats. Le journal du Père Giraud fait néanmoins régulièrement état de la cherté des vivres et de la difficulté de s’en procurer. La situation semble toujours à la limite d’un basculement. Par exemple, les achats de bois dont parle Pichatty étaient destinés aux boulangers qui cuisaient le pain dans leurs fours. Le Père Giraud observe que le combustible avait été déchargé devant l’Hôtel-de-Ville où il s’était amoncelé jusqu’à hauteur du grand balcon. Celui-ci étant pourtant épuisé, les boulangers risquaient toujours de ne plus pouvoir cuire et, le 15 novembre, des bâtiments avaient été expédiés en direction de Toulon avec mission de ramener du bois quel qu’en fut le prix.

Pichatty de Croissante :

« Jamais disette n’a été (pour ainsi dire) plus abondante, et jamais misère plus puissamment secouruë, en sorte qu’ayant toujours été, ou à la veille, ou dans la crainte de manquer de tout, par l’interdiction de la communication et du commerce, on n’a presque jamais manqué de rien, par les secours continuels et successifs, venus de tous côtés par les ordres de Son Altesse Royale, & les soins particuliers que M. des Forts & M. le Blanc se sont donné à les faire exécuter : de grains, de denrées et sur-tout de bœufs et de moutons qui sont venus en telle quantité, nonobstant toutes difficultés d’en avoir, qu’il y a depuis long-temps une espèce d’abondance ; de la monnoye d’Aix Monsieur le Premier présidant à fait touché diverses fois des sommes très considérables d’argent ; il a fait venir de par-tout toutes les choses nécessaires ; il a jusques fait couper des forêts presque entières, pour qu’on y manquât pas de bois à brûler ; & ne se contentant pas de procurer par-tout des crédits importants, il a eu encore la bonté de pourvoir à l’acquittement d’une bonne partie ; & et du Languedoc M. de Bernage Intendant s’est donné des soins infinis, pour faire passer tous les secours que peut fournir la fertilité de cette province.

« Plusieurs notables citoyens ont fait des fournitures très considérables ; les Srs Constant & Rémusat seuls ont fourni leur crédit et leur argent, pour 20 mille charges de bled ; les sieurs Martin, Grimaud et Beolan, ont pris volontairement, pour les boucheries, des soins qui sont inexprimables & qu’ils y ont procuré des avantages infinis : plusieurs autres ont donné des piastres, pour envoyer chercher du bled dans le Levant : il y a même de magistrats des Cours souveraine de la province, qui dès le commencement de la Contagion, poussés par la générosité de leur cœur, et par la grandeur de leur âme, offrirent et envoyèrent même tous les bleds qu’ils venoient de recueillir de leurs terres ; tels sont Mrs de Lubières & de Ricard, conseillers au Parlement, & M. de Rauville, Président à la Cour des comptes, aydes et finances : on ne pouvoit pas périr avec tant des divers secours, mais c’est un gouffre que Marseille et son terroir ; il faut pour le remplir suffisamment, toute cette prodigieuse abondance, que la seule liberté, et le concours du commerce des nations, peut y apporter ».

Le Père Giraud

« Le 17, Mr le commandant reçut la réponce des dépêches qu’il avoit faites à la Cour le 26 octobre. Mr Le Blanc et Mr le Pelletier des Forts lui mandèrent que Son Altesse royale, extrêmement touchée des malheurs de Marseille, avoit donné ordre à la Compagnie des Indes de lui faire remettre vingt-cinq mille piastres et 1600 cent marcs d’argent, dont elle vouloit bien aider cette ville en attendant de lui donner d’autres plus grands secours. Si les Marseillois peuvent redonner à leur patrie son ancien lustre et son premier éclat, que n’ajouteront-ils pas à leur fidélité inviolable pour témoigner à leur auguste prince qu’en les secourant si efficacement et en tant de manières, dans les grands jours de leur désolation, il leur a conservé la vie et prévenu la ruine entière de leur ville ! »

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